Paroles de jeunes
Conseil Local des Jeunes de la Ville de Pau : des adolescents s’engagent sur la question du handicap
Ils s’appellent Lou, Enzo, Vanina, Arthur, Katy et Simon. Ils ont entre 13 et 14 ans et sont des collégiens palois. Ils sont élus au sein du Conseil Local des Jeunes (CLJ) de la Ville de Pau pour un mandat de 2 ans. Ils ont été élus en juin 2016 par les élèves de 8 collèges palois. Le Conseil Local Jeunes de la Ville de Pau a pour vocation de valoriser l’expression des jeunes citoyens mineurs. C’est un outil de démocratie participative intégré dans la politique municipale de la jeunesse.
Accompagnés par l’animatrice du Conseil Local Jeunes, Fatima Behnous, ils travaillent depuis un an et demi ensemble. Ils ont choisi de s’engager dans un projet sur le handicap avec l’objectif de sensibiliser les jeunes aux handicaps à travers une exposition.
Nous les avons rencontrés pour échanger avec eux sur ce qu’ils font et ce qu’ils vivent dans le cadre du CLJ. Parce qu’ils ont plein de choses à dire, parce qu’ils les disent bien et clairement et parce qu’ils le disent avec l’intensité et la conviction propres aux adolescents, nous avons choisi de retranscrire leurs paroles telles quelles.
Ce qui leur plait au CLJ
La façon dont on travaille, dont on débat pour trouver des solutions ou des projets à mettre en place pour les jeunes.
On peut dire ce qu’on pense sans que ça soit critiqué.
Quand on est enfant on a l’impression que les adultes prennent leurs décisions dans leur coin et là on ne pourra pas dire qu’on n’a pas donné notre avis.
C’est important de donner son avis sur ce qui nous entoure.
On dit que la vérité sort de la bouche des enfants….c’est peut-être pas forcément vrai mais on arrive à dire des choses.
Nous on n’a pas le même regard que les adultes, il y a des trucs que les adultes ne voient pas et que nous on voit.
On apporte chacun une vision du monde différente de celle des adultes.
On est là, on aime ce qu’on fait c’est notre projet.
Dès le début on a mis les choses au clair c’est pas un endroit comme la cour de récréation on va devoir travailler.
Ce que le CLJ leur apporte
De la confiance, de la maturité, de l’information, de l’écoute, une dose d’optimisme hebdomadaire.
Travailler pour quelque chose qui va servir à d’autres personnes que nous, ça demande qu’on soit plus sérieux, plus matures dans nos décisions.
Au début on se disait « Ah les handicapés ! Les pauvres il faut les chouchouter, ils doivent avoir une vie horrible » et au fur et à mesure on s’est rendus compte que même s’ils sont handicapés ils vivent une belle vie, ils ne sont pas forcément dépressifs, ils ne sont pas si différents que ça.
Ça nous apprend à communiquer, à s’écouter, on attend que la personne ait fini de parler pour parler après.
Pourquoi avoir choisi comme sujet le handicap ?
On a choisi de travailler sur le handicap parce que c’est un sujet qui nous touchait à tous, dans nos familles, dans nos collèges.
On se dit qu’avec ce qu’on va faire, des gens vont mieux traiter les personnes handicapées.
Leur projet : une exposition sur le handicap pour créer du débat !
Notre projet est en 3 étapes : on a monté un questionnaire pour savoir ce que les jeunes pensaient du handicap, on a fait passer les questionnaires dans plusieurs collèges de Pau. Avec les réponses on a vu ce que, en partie, les jeunes pensaient du handicap et qu’il y avait plein de visions différentes.
On a rencontré des jeunes du SESIPS, on a vu comment ils vivaient tous les jours, ils nous ont dit comment ils vivaient leur handicap à l’école. On a été aussi à la Maison des sourds.
Grâce à tous ces témoignages et toutes ces informations on va monter une exposition mobile qui va passer dans tous les collèges. On va organiser des débats entre les élèves pour qu’ils s’interrogent sur la vie d’une personne en situation de handicap.
On espère que ça provoque un petit déclic chez les collégiens, qu’ils changent quelques habitudes par exemple comme pour taquiner quelqu’un qu’ils ne traitent plus de triso ou d’handicapé. Pour qu’ils se disent que ça peut être blessant, que ça peut être très mal pris même si c’est pour rire.
C’est une graphiste qui nous aide pour l’expo. On veut que ça attire l’attention pour que la personne ait envie d’y aller. On a choisi des phrases parmi les témoignages qu’on avait recueillis. On a choisi un ton satirique, pour heurter la personne, pour que ça provoque un débat. Les phrases qu’on a choisies peuvent être interprétées de différentes façons et ça peut provoquer le débat entre les élèves même après l’expo.
C’est une expo vivante parce qu’elle continue, elle s’améliore avec les arguments des autres élèves grâce aux débats.
En espérant que tout ce qu’on fait va essayer de redonner de la bonne humeur aux personnes en situation de handicap. On veut leur dire que des jeunes de leur âge pensent à eux, s’en soucient vraiment et ont travaillé pour ça dans un groupe, qu’ils ne se sentent pas seuls face à eux-mêmes.
L’exposition des jeunes du CLJ devrait prête en début d’année scolaire 2018/2019 et commencer à circuler dans les collèges.
publié dans octobre 2018