S@nté Jeunes, Newsletter pour les acteurs de la santé, de la prévention, de l'éducation et du social de l'agglomération paloise

Jeunes victimes d’homophobie

Le contexte de la crise sanitaire actuelle a provoqué une recrudescence des violences homophobes vécues par les jeunes au sein de leurs familles durant la période du confinement. Le gouvernement a lancé en avril 2020 un plan d’urgence comportant une série de mesures visant, entre autres, la mise à l’abri, la facilitation des appels d’urgence et l’enregistrement des signalements (alerte par SMS au 114).

Selon l’association SOS Homophobie, le contexte particulier du confinement n’a fait qu’exacerber les violences intrafamiliales là où elles existaient déjà. Le rapport sur les LGBT1 Phobies 2020 établi par l’association montre une augmentation forte des témoignages recueillis en 2019 : 2 400 victimes d’insultes, de rejet et de discriminations du fait de leur orientation sexuelle, soit 26 % de plus qu’en 2018. En 2019, le ministère de l’intérieur a recensé 1 870 personnes victimes d’infractions à caractère homophobe ou transphobe, soit une hausse de 36 % par rapport aux données de 2018 elles-mêmes déjà en hausse de 33 % par rapport à 2017. Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) estime qu’il s’agit d’une hausse tendancielle et progressive observée depuis 3 ans.

Le Défenseur des droits montre, dans une étude réalisée par l’INED en avril 2020, une nette surexposition des jeunes homosexuels et bisexuels aux violences intrafamiliales par rapport aux jeunes hétérosexuels.

Quels impacts de l’homophobie sur la santé globale des jeunes homosexuel.le.s ?

La découverte d’une orientation homosexuelle, l’expérimentation de pratiques homosexuelles, ou une interrogation sur son orientation sexuelle peuvent être vécues comme une épreuve, une source d’angoisse et de honte et contribuer à un état dépressif, à une dévalorisation de soi-même, voire au passage à l’acte suicidaire si cette souffrance devient intolérable.

Ces adolescents et jeunes sont particulièrement vulnérables lorsqu’ils se découvrent « différents ». Comment dès lors se construire une identité positive ? Dans leur article, C. Delebarre et C. Genon (Cahiers de l’action n°40, INJEP, 2013) rendent compte des conséquences de l’homophobie sur la santé globale des jeunes :

un sentiment de culpabilité et de honte qui peut engendrer une identité négative, une perte d’estime de soi, une dévalorisation voire un rejet de soi-même et des autres homosexuels. On parle alors « d’homophobie intériorisée »,

l’homophobie vécue (rejet, agressions…) et /ou l’homophobie intériorisée peuvent se traduire par des symptômes d’anxiété, de stress, des épisodes dépressifs, des idéations suicidaires, un usage important de produits psychoactifs ou encore des prises de risque sexuel,

une sur-suicidalité chez les personnes homosexuelles et bisexuelles par rapport aux hétérosexuels, sur ce point notons que « c’est l’homophobie et non l’orientation sexuelle par elle-même qui est le principal facteur qui peut induire un sur-risque de crise suicidaire et de tentative de suicide ».

l’expérimentation et la consommation de produits psychoactifs semblent être plus importante pour les personnes homosexuelles.

En matière de santé sexuelle et d’accès aux soins

L’entrée des jeunes homosexuel.le.s dans la sexualité se fait dans un contexte général d’invisibilisation de l’homosexualité et de présomption d’hétérosexualité qui ne permet pas aux jeunes de parler facilement de leur vie affective et sexuelle avec leur entourage. Le manque de cadre structurant et de modèle identificatoire ainsi que les fausses croyances en matière de prévention sont des facteurs de vulnérabilité par rapport aux risques sexuels. L’incidence du VIH pour les homosexuels est toujours plus élevée que pour les hétérosexuels. Pour les femmes on note une prévalence plus élevée d’IST.

Différentes études montrent que les personnes homosexuelles ou bisexuelles ont un suivi de santé mois qualitatif et des difficultés d’accès aux soins. La question de la confiance envers les soignants et de la nécessité/possibilité ou pas de parler de son orientation sexuelle est majeure. Face aux difficultés, des stratégies d’évitement du soin peuvent être mises en place et avoir des conséquence négatives.

En conclusion, C. Delebarre et C. Genon affirment que les problématiques de santé des jeunes homosexuel.le.s ne sont pas intrinsèquement liées à leur orientation sexuelle mais bien plus une homophobie sociale et intériorisée qui majore les difficultés et prises de risque.

Enfin n’oublions pas que l’orientation sexuelle et la sexualité des personnes relèvent de l’intime et ne devrait pas être justifié auprès d’autrui. Chacun est libre de vivre la vie affective relationnelle et sexuelle qu’il souhaite tout au long de sa vie dans les limites du consentement.

Et localement quelles ressources pour les jeunes victimes d’homophobie ?

Une enquête réalisée en 2019 auprès de 450 personnes par l’association Les Bascos montre que l’homophobie est vécue sur notre territoire https://www.lesbascos.fr/medias/files/resultat-enquete-lgbtphobie-pays-basque-2020.pdf

À Pau, des espaces d’écoute et d’accompagnement sont proposés au Planning Familial2, à AIDES3 ainsi qu’une permanence d’Arcolan (Association les Bascos) les 2ème et 4ème jeudis du mois de 18h 30 à 20h à la villa Alexandre, 2 avenue Dufau à Pau.

Les Bascos assurent une permanence sociale au 07 83 02 18 27 ou par mail lesbascosgroupesocial@gmail.com.

Enfin au niveau national :

SOS Homophobie Ligne d’écoute anonyme au 01.48.06.42.41 (sos-homophobie.org)

Le refuge Urgence 24h/24 (le-refuge-org) : 06 31 59 69 50, mais pas de structure du Refuge sur le département.

1. LGBT : Lesbienne, Gay, Bisexuel, Trans
2. 18, rue Bourbaki à Pau / tél. 05 59 27 88 43
3. 4 avenue du 18e régiment d’infanterie à Pau / tél. 05 59 83 92 93

S@nté Jeunes est proposé par : Conseil Départemental, Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées, Equipe Mobile Jeunes en Souffrance Psychique et Centre de documentation du Centre Hospitalier des Pyrénées, Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé Antenne 64, Institut du Travail Social Pierre Bourdieu, Maison des Adolescents Pau-Béarn, Planning Familial 64, Point Ecoute Jeunes, Association Addictions France. Avec le soutien financier de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine.

Coordonnées / contact : CEID Point Ecoute Jeunes 25, rue Louis Barthou, 64000 Pau

Conseil Départemental
Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées
Centre Hospitalier de Pau
Equipe Mobile Jeunes en Souffrance Psychique et Centre de documentation du Centre Hospitalier des Pyrénées
Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé Antenne 64
Institut du Travail Social Pierre Bourdieu
Maison des Adolescents Pau-Béarn
Planning Familial 64
Point Ecoute Jeunes
Association Addictions France
Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine