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Accompagnement des jeunes en surpoids à la Maison des Adolescents de Pau Béarn

En nouvelle aquitaine, le surpoids concerne près de 15% de la population.

Ce pourcentage est très variable en fonction des conditions sociales des jeunes et reste plus élevé dans les milieux précaires.

Les événements sociétaux, et dernièrement la pandémie entraînent une augmentation de l’isolement social et de la sédentarité. Ces facteurs influencent grandement la proportion de surpoids chez les jeunes.

La France a une histoire culinaire forte mais actuellement, peu d’adolescents partagent la préparation des repas ou même le temps du repas avec leur famille. L’interférence des écrans sur le temps essentiel du repas de famille entraîne également des comportements alimentaires inadaptés, où manger n’est pas toujours un moment de convivialité.

Depuis longtemps, de nombreuses études épidémiologiques ont démontré que la prise en charge précoce du surpoids de l’enfant était une mesure indispensable dans la prévention de la survenue des maladies cardiovasculaires et métaboliques de l’adulte. Nous savons également que sur le plan sociétal, il reste plus difficile d’obtenir un emploi ou de poursuivre des études pour les adolescents en surpoids. Or, le message transmis aux enfants et aux familles reste encore fréquemment : « Votre enfant va grandir, il faut attendre ! ». Non, il est important de modifier rapidement et dès le plus jeune âge les habitudes alimentaires des parents et, de fait, celles de nos jeunes !

Pas de culpabilisation et des objectifs raisonnables

Les nouvelles courbes staturo-pondérales permettent rapidement d’ évaluer par les professionnels de santé mais aussi par toute personne s’occupant du suivi d’un adolescent le besoin d’accompagner et de débuter un suivi .

L’idée n’est pas de culpabiliser l’adolescent souvent passif dans l’équilibre alimentaire au domicile, mais plutôt de lui donner des bases solides d’équilibre diététique pour sa future vie d’adulte.

L’évaluation médicale commence donc toujours par partir de la demande du jeune, des difficultés rencontrées dans sa problématique de surpoids : l’essoufflement, les douleurs articulaires, le regard des autres, l’habillage, etc. …

C’est à partir du moment où il a pu être identifié avec le jeune les problématiques liées au surpoids que le travail et le projet de soin va pouvoir être élaboré.

Une étape essentielle reste également l’évaluation de son poids, de sa taille et du rapport poids/taille² (l’Indice de Masse Corporelle). Ce dernier sera TOUJOURS référencé sur les courbes de son âge et de son sexe. Le visuel rendu sur ces courbes (consulter les courbes de poids) permet au jeune de se situer dans le degré de surpoids : degré 1 ou degré 2. Il permet également d’établir des objectifs « raisonnables » et lui permet d’évaluer avec le médecin : « quel est actuellement le poids idéal pour ma taille ? », « quel est mon poids d’adulte aux vu de ma croissance ?».

Le premier objectif de la consultation, outre dépister de réelles maladies organiques à prendre en charge, est avant tout de cibler un arrêt de prise de poids par le rétablissement des règles diététiques et de l’activité physique. Cet argument rassure beaucoup l’adolescent qui s’imagine en début de consultation que le médecin va lui « faire faire un régime » …. Non ! Le régime concerne la population adulte qui ne peut plus compter sur sa croissance pour stabiliser sa corpulence. Le jeune lui EST en pleine croissance et nécessite entre 15 et 18 ans des besoins caloriques maximaux, les plus importants de sa vie probablement.

Pas de régime

Il est hors de question de « faire un régime », la ration calorique a apporter au quotidien est trop importante. Mais il convient de prendre « les bonnes calories » dans l’alimentation de tous les jours, celles qui permettront un métabolisme harmonieux pour finir sa croissance.

Cet argument est extrêmement déculpabilisant pour les adolescents. C’est sur ces mêmes arguments qu’il leur est déconseillé de suivre les régimes hypocaloriques des magazines. Ni la junk food (malbouffe), ni le fast food (restauration rapide) ne sont interdits.

La place de l’aliment plaisir reste même primordiale et préconisée. Mais elle doit être raisonnable et en général recommandée sur un repas de la semaine ; Il faut retenir que c’est l’alimentation du quotidien qui fait prendre du poids, pas le repas de fête, même hypercalorique, s’il reste exceptionnel.

Le temps du repas est à reconsidérer également avec le jeune. Il est important de pouvoir se concentrer sur sa mastication afin de ressentir la satiété, résultat d’une régulation hormonale complexe. C’est en ce sens que les écrans sont déconseillés sur les temps de repas.

L’alimentation en restauration scolaire n’est en soit pas un problème, et ne représente pour la plupart des enfants que 4 repas dans la semaine. La majorité de leurs repas se passent donc à la maison et ce sont ces repas là qu’il faut rééquilibrer.

L’accompagnement du surpoids est, bien sûr, un parcours long et nécessite la plupart du temps un travail multidisciplinaire avec le médecin somaticien (pédiatre, médecin traitant, médecin scolaire…), le diététicien, le kinésithérapeute. La dimension psychologique reste le plus souvent a investir, même si elle se confronte à certaines réticences des adolescents et parfois de leur famille.

L’alimentation a, comme le sport, un fort pouvoir anxiolytique et il est illusoire de projeter un équilibre alimentaire sans travailler les facteurs de stress préexistants. La façon dont le jeune se projette dans son corps adolescent et son rapport à l’alimentation, ancrage familial et culturel façonnent son identité et sa personnalité.

Dans cet objectif, un réseau régional de prise en charge pédiatrique de l’Obésité Pédiatrique (REPPOP) a été créée pour un travail multidisciplinaire autour de la prise en charge du patient. Ce travail est possible grâce à un dossier patient informatisé commun qui permet de partager les évaluations entre professionnels. Les prises en charge sont proposées et financées pour une durée de 2 ans lorsque le patient est intégré dans le réseau.

Le REPPOP a également une mission de coordination de soin et de formation pour les professionnels médicaux et paramédicaux ce qui permet à tous d’améliorer les pratiques.

S’occuper du surpoids des jeunes, c’est avant tout mieux dépister et prendre en charge précocement et dans la durée.

Les messages de prévention et d’hygiène de vie sont mieux acceptés et intégrés quand ils ont débuté jeune.

Un atout pour les adolescents pour aborder plus sereinement leur vie d’adulte !

Dr Virginie ROBERT
Pédiatre Hospitalier
Centre Hospitalier de Pau et Maison des adolescents de Pau-Béarn

S@nté Jeunes est proposé par : Conseil Départemental, Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées, Equipe Mobile Jeunes en Souffrance Psychique et Centre de documentation du Centre Hospitalier des Pyrénées, Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé Antenne 64, Institut du Travail Social Pierre Bourdieu, Maison des Adolescents Pau-Béarn, Planning Familial 64, Point Ecoute Jeunes, Association Addictions France. Avec le soutien financier de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine.

Coordonnées / contact : CEID Point Ecoute Jeunes 25, rue Louis Barthou, 64000 Pau

Conseil Départemental
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