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Les jeux vidéo : art ou drogue ?

Après de longues années de débat autour de la question « le jeu vidéo est-il un art ? », les communautés s’opposent sur une question plus pernicieuse « est-il une drogue ? ». Décidément cette activité n’a pas fini de se définir aux yeux de la société.

Souvent montrés du doigt pour leur violence ou leur pouvoir addictif, les jeux vidéo peuvent également, aux yeux des chercheurs, des concepteurs et des utilisateurs, avoir des effets positifs sur la santé, l’éducation et les rapports sociaux. 99% des études rejettent d’ailleurs un lien entre jeux vidéo et violence.

En effet, pratiquer une activité vidéo ludique peut aider les enfants à développer leur réflexion, leur capacité de lecture… Elle peut être un excellent outil d’entretien de la mémoire pour les seniors, et peut servir à prendre conscience de certains phénomènes, à sensibiliser sur des sujets de société, on parle d’ailleurs de « serious game ».

Jason Allaire, professeur de psychologie à l’université de Caroline du Nord, tient lui aussi un discours positif sur le sujet. Il pense que jouer peut avoir un effet bénéfique, notamment sur les fonctions psychologiques. De son point de vue « les jeux vidéo ont mauvaise réputation parce qu’on pointe souvent du doigt les personnes qui jouent de manière excessive, mais les accuser des maux de la société est « simpliste » ».

C’est avec tous ces débats en tête et la volonté de montrer que les jeux vidéo peuvent être un formidable outil d’échange que l’association « Mangamotaku » a vu le jour à Pau. Cette association loi 1901 s’attache, entre autres, à démontrer la richesse de ce média, son formidable pouvoir de tremplin vers d’autres domaines : les arts, les causes humanitaires, la science…

Jouer c’est être en lien

Nous aimons les jeux vidéo, mais bien plus que l’aspect performance qui est de plus en plus mis en avant avec l’essor de l’e-sport dans notre paysage, c’est bien le côté échange autour du jeu, ce qui se passe en dehors de l’écran qui nous lie. Pour nous, les meilleurs événements sont ceux où les gens posent la manette ou l’interface virtuel pour continuer de parler entre eux de leur expérience et d’autres sujets.

Nier que le jeu vidéo peut devenir une addiction ne serait pas constructif au même titre que nier son aspect positif. Fait-on ce procès à la musique ? Au cinéma ? Alors pourquoi à cette activité ? Existante aux yeux du grand public depuis près de 40 ans, cette activité est désormais ancrée dans le paysage de la société actuelle, elle a gagné le droit d’être considérée comme un potentiel danger pour ses utilisateurs. Est-ce un mal ? Non. Plutôt une reconnaissance, mais surtout une formidable occasion d’échanger sur les bonnes pratiques et ainsi éviter de potentielles dérives.

Lors des événements auxquels l’association participe, le public a libre accès aux expériences de jeu qui lui sont mises à disposition mais nous nous attachons à proposer des jeux jouables à plusieurs afin de favoriser les échanges inter-participants. Lorsqu’il nous arrive de présenter des jeux en solo, nous travaillons à enrichir l’expérience autour du jeu en question en y adjoignant des fiches parlant de l’histoire du jeu, du matériel sur lequel il tourne… Cela afin d’intéresser l’utilisateur à aller plus loin que la seule expérience ludique. Nous constatons ainsi une passerelle entre virtuel et rappel à la réalité.

Sensibilisation des parents aux jeux vidéo

Très vite, j’ai souhaité avec mes équipes légitimer notre discours auprès du public concernant l’utilisation des jeux vidéo en obtenant une certification, un label national. Cela afin de rassurer certaines institutions et sociétés où les effets bénéfiques de cette activité ne sont pas encore bien perçus. Nous avons donc décidé de rejoindre Pédagojeux en devenant son premier ambassadeur dans les Pyrénées-Atlantiques.

PédaGoJeux est un collectif créé en 2008 avec l’ambition d’informer et de sensibiliser les parents sur le jeu vidéo.  Cela afin de créer les conditions d’une expérience positive et sereine du jeu au sein de la famille. Dès l’origine, il s’agissait de rompre avec une vision angélique du média et celle de son pendant, sa diabolisation. Ainsi, PédaGoJeux aborde toutes ses facettes en présentant ses atouts mais aussi les sujets sensibles.

Nous intervenons sur des sujets tels que le temps de sommeil, les bonnes pratiques autour du contrôle parental, la signalétique Pegi (système visuel européen de classification des jeux vidéo)… Suite à ces formations de nombreux documents sont créés et mis à disposition du public lors de nos événements.

Les actions menées par notre association nous permettent d’engager de nombreux échanges avec les parents souvent inquiets de ce qu’ils considèrent comme « l’addiction » de leurs enfants. Il n’est pas rare d’entendre « mon enfant est addict », « il passe trop de temps devant des écrans »… C’est alors qu’il nous faut démêler l’aspect subjectif de la réalité des faits, et souvent, les parents ne savent pas que s’intéresser à l’activité de jeu de leurs enfants via des discussions ou mieux en jouant avec eux, c’est déjà limiter son utilisation en lui donnant encore plus de sens. Si des règles sont définies en amont dans le cercle familial, et en échangeant avec ses enfants, alors il existera moins de dérives. Mieux informer c’est la voie d’une utilisation positive.

Nous vivons dans un monde envahi par les écrans, les réseaux sociaux et communiquer avec le monde entier est devenu tellement facile. Mais paradoxalement, nous avons de plus en plus de mal à communiquer entre nous physiquement. Pourquoi ? Vaste question mais j’aime à croire que c’est en partie dû au fait que sur les réseaux sociaux notre rapport aux autres est biaisé par le fait que nous cherchons à donner une image de nous fantasmée alors que dans la réalité il faut se montrer, s’exprimer, s’impliquer auprès de ses semblables.

Nous vivons dans un monde dit « tout connecté » mais cela ne concerne que les appareils et par extension nos avatars, n’oublions pas de nous connecter aux autres par nos échanges dans la vraie vie. C’est par notre ancrage dans la réalité, dans notre multiplication des échanges et dans notre curiosité du monde que les risques d’addiction se réduisent.

Dans nos interventions associatives nous insistons sur l’importance des échanges dans le monde réel, sur le fait que ce qu’il se passe à l’écran n’est pas réel. Cela paraît évident dit comme cela mais c’est en oubliant cette notion de base que le danger peut s’installer.

Yannick ARANA
Association Mangamotaku

S@nté Jeunes est proposé par : Conseil Départemental, Communauté d’Agglomération Pau Béarn Pyrénées, Equipe Mobile Jeunes en Souffrance Psychique et Centre de documentation du Centre Hospitalier des Pyrénées, Instance Régionale d’Education et de Promotion de la Santé Antenne 64, Institut du Travail Social Pierre Bourdieu, Maison des Adolescents Pau-Béarn, Planning Familial 64, Point Ecoute Jeunes, Association Addictions France. Avec le soutien financier de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine.

Coordonnées / contact : CEID Point Ecoute Jeunes 25, rue Louis Barthou, 64000 Pau

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